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Les premiers peuples

Les premiers peuplements aux Fidji datent du second millénaire avant J-C et viennent de migration de populations des mers australes. Difficile de savoir précisément d’où, mais les fouilles archéologiques laissent supposer que les premiers fidjiens auraient pu venir du Vanuatu, de Nouvelle-Calédonie ou des îles Salomon, une zone du Pacifique appelée la Mélanésie.

Une seconde vague migratoire eu lieu au Xe siècle, cette fois en provenance des Tonga, donc du côté Polynésien du Pacifique. A partir de ce siècle, des échanges réguliers auront lieu entre Tonga et Fidji, ce qui explique l’héritage double des Fidji, avec des traditions métissées entre influences mélanésiennes et polynésiennes.

L’archipel était appelé « Viti », mot qui n’avait pas une prononciation uniforme sur l’ensemble des îles.

Abel Tasman, explorateur hollandais, fut le premier européen à découvrir les Fidji en 1643. Il sera suivi par James Cook en 1774. L’histoire raconte que le capitaine Cook aurait demandé aux Tongiens le nom de l’île, auquel ils répondirent Feegee (prononciation des Tongiens pour Viti) qui est devenu pour les anglais, Fiji.

Le temps des commerçants et des missionnaires

A partir du XIXème siècle, le commerce de bois de santal (type de bois aux forts arômes, utilisé comme encens, en aromathérapie et en parfumerie) et la chasse à la baleine amènent de plus en plus d’Européens à débarquer sur l’archipel, traitant dans un premier temps avec les Tongiens qui contrôlaient le commerce et par la suite avec les Fidjiens. L’épuisement du bois de santal à partir 1814 mit progressivement fin aux échanges commerciaux de bois pour laisser place à la bêche-de-mer (concombre de mer), très prisé par les Asiatiques.

En 1830, les premiers missionnaires britanniques ont commencé à débarquer aux Fidji pour convertir les habitants et prêcher contre le cannibalisme. En 1860, le territoire était disputé par deux chefs : le chef Cakobau (qui contrôlait la partie occidentale) et le prince Tongien Ma’afu (îles Lau). Les consulats américains et européens présents à cette époque sur l’archipel pour réguler les prises de pouvoir, ont fini par accorder l’annexion des Fidji à l’empire britannique. Le 10 octobre 1874, les Fidji sont ainsi devenues une colonie britannique par acte de cession signé par les treize grands chefs de l’archipel. Sir Arthur Gordon devint le premier gouverneur des Fidji. En collaborant avec les chefs locaux, il a essayé de protégé le mode de vie traditionnel fidjien. Il a ainsi interdit la vente de terrains à des non-Fidjiens et encouragé le développement de l’industrie sucrière.

En 1878, l’implantation de la culture de canne à sucre amènera les autorités britanniques à faire venir des ouvriers agricoles indiens. En accord avec les autorités indiennes, des contrats renouvelables de 5 ans sont établis. Après 10 ans de travail dans les champs, les ouvriers étaient autorisés à s’installer définitivement aux Fidji. Ce système pris fin en 1916, après avoir amené aux Fidji plus de 60 000 indiens, ce qui ne manquera pas de créer des tensions ethniques par la suite entre « Indo-Fidjiens » et « Fidjiens insulaires » qui se considéraient comme Fidjiens « de source ». 

En 1882, Suva devient la nouvelle capitale administrative de l’archipel, Levuka n’ayant pas un emplacement géographique favorable pour le gouvernement.

En 1951, la compagnie aérienne Fiji Airways est fondée par l’aviateur australien Harold Gatty. La première ligne aérienne relia Canberra.

En 1958, Rata Sir Lala Sukana meurt, homme d’Etat fidjien ayant eu un rôle important dans le développement de l’archipel. Il a notamment fondé la commission des terres autochtones (Native Land Trust Board).

Progressivement, le pays se dirige vers l’indépendance dans les années 60. Les britanniques, pressés par l’ONU d’entamer des processus de décolonisation, annoncent vouloir, à terme, se désengager de l’archipel. 

A l’intérieur du pays des divisions apparaissent et les communautés Mélano-Fidjiennes et Indo-Fidjiennes créent toutes deux des partis politiques défendant leurs propres intérêts. En terme de démographie, les Indo-Fidjiens sont maintenant plus nombreux que les Mélano-Fidjien (46% contre 45%). Chez les Mélano-Fidjiens commence à monter la peur de perdre leurs terres au profit des Indo-Fidjiens. 

En 1970, après 10 ans de débats et de tensions, l’archipel devient indépendant et constitue un parlement, basé sur le modèle bicaméral (système à deux chambres) britannique. 

Instabilité politique

Sept ans plus tard, le parti de la Fédération Nationale (représentant les intérêts de la communauté Indo-Fidjienne) remporte les élections mais des divisions internes l’empêchent de créer un gouvernement. Des tensions ethniques ont commencé à apparaître entre les Fidjiens et les Indo-Fidjiens alors que l’économie se dégradait. La plupart des commerces et transports étaient tenus par des Indo-Fidjiens qui étaient alors perçus comme obnubilés par l’argent, alors qu’en réalité, la majorité d’entre eux faisait partie de la classe ouvrière.

Dans le milieu des années 1980, le parti travailliste fidjien (FLP) est créé par des syndicats et est élu au pouvoir en coalition avec la Fédération Nationale (représentant les intérêts de la communauté Indo-Fidjienne), ce qui aura pour conséquence d’exacerber les conflits et de faire s’éloigner leurs espoirs d’une société plurielle.

En 1987, le colonel Sitiveni Rabuka renversa le gouvernement par deux coups d’Etat successifs les 14 mai et 25 septembre. A l’issue du premier la Constitution est suspendue, mais Margareth Thatcher refuse de reconnaître le nouveau gouvernement et le coup d’état sera déclaré illégal et anticonstitutionnel par la Cour suprême fidjienne. Alors que des négociations s’ouvrent, Rabuka lancera son 2e coup d’état en abrogeant tout bonnement la constitution.

Les Fidji devinrent une République et Rabuka s’auto proclama chef d’Etat. Dans les mois qui ont suivi, les Fidji furent exclues du Commonwealth. Ces coups d’Etat n’ont en réalité profité qu’à une élite. Pendant cette période, l’économie a été fortement touchée, en particulier l’industrie sucrière et le tourisme.

En 1990, une nouvelle constitution est mise en place au profit des Fidjiens, les Indo-Fidjiens sont marginalisés et se voient attribués deux sièges du cabinet à l’armée.

En 1997, la nouvelle constitution et la déclaration des droits interdisant la discrimination raciale permettent de rétablir un équilibre démocratique entre les deux communautés. Les Fidji reprennent leur place dans le Commonwealth. L’année suivante, Mahendra Chaudhry est nommé Premier Ministre, il sera le premier Indo-Fidjien à ce poste.
Deux ans plus tard, une tentative de coup d’Etat a lieu le 19 mai. George Speight, un homme d’affaires en faillite, prend en otage 40 parlementaires y compris le Premier Ministre, exigeant la démission de ce dernier ainsi que celle du président. Emprisonné, il sera pourtant brièvement élu l’année suivante sous un autre nom avant d’être destitué.

En 2001, de nouvelles élections sont organisées sous haute surveillance internationale, et la constitution est restaurée. Laisene Qarase est nommé Premier Ministre mais refuse d’intégrer les Indo-Fidjiens dans le gouvernement.

Le 5 décembre 2006, Frank Bainimarama, commandant des forces militaires qui était à la tête du gouvernement temporaire en 2000, s’empare du pouvoir. L’année suivante, il restitue la présidence à Ratu Josefa IIoilo qui le nomme à son tour Premier Ministre. La crise politique continue en 2009. Faute d’élections démocratiques, les Fidji sont suspendus du Forum des îles du Pacifique et du Commonwealth.

Ratu Epeli Nailatikau est le président depuis la retraite de Josefa IIoilo. Une nouvelle constitution fondée sur l’égalité des citoyens a été décrétée le 6 septembre 2013. Les élections de septembre 2014 ont conduit à la réélection du premier ministre Frank Bainimarama et à la réintégration de l’archipel dans le Commonwealth.